A la conversion religieuse peut être associé un fort aspect d’innovation. C’est le cas pour la conversion de Paul, à laquelle font référence divers écrits du Nouveau Testament. Est-ce trop dire que d’affirmer que l’apôtre s’invente une nouvelle identité ? De fait, la part active de Paul dans ce processus est laissée dans l’ombre. Une tendance similaire se manifeste dans les récits de découvertes scientifiques. Ces récits occultent la part active de l’auteur de l’invention en survalorisant le caractère subit et inattendu d’une intuition. La psychologie de la créativité propose des explications à ce phénomène. Au-delà de ces explications qui s’appuient sur une anthropologie moderne, l’étude que voici interroge les conceptions antiques de l’émergence de la nouveauté. Celle-ci est massivement attribuée à l’initiative des dieux, que ce soit au travers des mythes ou des théories de l’inspiration divine. Or, parmi les sources néotestamentaires se référant à la conversion de Paul, l’une d’entre elles (Galates 1 : 16) évoque une action intérieure de Dieu comparable au modèle de l’inspiration. Le thème de la possession divine, présent chez Platon et chez Paul, permet d’expliquer la transformation identitaire d’un individu. Episodique sous les modes de la divination, de l’inspiration prophétique, poétique ou amoureuse chez Platon, l’inspiration divine opère de manière durable dans la vie de Paul.
Un texte intéressant